Le rôle d’Architecte Conseil de l’État en Direction Régionale des Affaires Culturelles, en l’occurrence de Corse, est de contribuer activement à la promotion de la qualité architecturale et à la diffusion de sa culture dans le territoire. Ses missions permettent également de renforcer la coordination entre les services de l’État et les collectivités territoriales en développant des actions concrètes avec les autres animateurs de l’aménagement du cadre de vie. Les échanges et les débats ainsi engagés permettent d’en construire une vision partagée en lien avec les grands enjeux contemporains et ici insulaires.
La préservation et la valorisation du patrimoine historique constitue un enjeu fort de la politique gouvernementale. Il s’agit d’un levier de développement économique durable des territoires.
En Corse, cette politique est rejointe par les objectifs affichés par la Collectivité. Elle doit aussi permettre l’étalement de la fréquentation touristique en dehors de la saison estivale.
Ainsi, et dans ce contexte régional, il apparaît opportun d’envisager une aide au développement de l’offre patrimoniale encore sous-investie. C’est notamment le cas pour le réseau des citadelles et des petites places fortes génoises dont l’attractivité reste à renouveler. Tous ces édifices constituent autant de points d’entrées particulièrement emblématiques des territoires de l’île. Certaines collectivités se sont déjà lancées dans des études de faisabilité sur leur valorisation touristique.
Lorsque le directeur de la Drac de Corse me sollicite à ce sujet dans la perspective du plan de relance et du futur plan de transformation de la Corse, nous voyons ensemble l’occasion d’y faire réfléchir de façon décomplexée des étudiants de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille, via son domaine d’étude « Préexistences », dans le cadre d’un partenariat de deux années associant la très active Maison de l’Architecture de Corse.
En réflexion avec les enseignants et dans une logique d’équilibrage territorial, deux cas d’études à la typologie distincte ont été retenus : la citadelle d’Ajaccio, située en Corse du Sud, dont l’ouverture au public venait d’être engagée par la Ville grâce à sa récente acquisition et la citadelle de Calvi, située en Haute-Corse, très habitée en saison estivale mais quelque peu délaissée le reste de l’année.
Chaque cas d’étude a été l’occasion d’un travail mené par les étudiants sur une année scolaire qui a débutée par une semaine intensive in situ, ponctuée par les interventions de deux « grand témoins » qui les ont accompagnés : Philippe Prost, architecte et Grand Prix d’Architecture sur Ajaccio et Laëtitia Morand de l’agence Pierre-Antoine Gatier, Architecte en Chef des Monuments Historiques sur Calvi. Leurs présences sur le territoire insulaire a été l’occasion d’organiser des conférences ouvertes au public dans des lieux prestigieux comme le musée Fesch.
De jeunes architectes corses, issus de l’école d’Architecture de Marseille et primés aux deux dernières sessions du Palmarès Régional d’Architecture de Corse ont également été mobilisés pour accompagner les étudiants, leur partager leurs réflexions en cours sur ce patrimoine spécifique et animer la semaine avec des conférences en fin de journée.
Ces semaines passées sur place ont également été l’occasion d’inviter les différents acteurs impliqués dans ces processus de reconversion à échanger avec les étudiants. Élus, SPL, préfet, services de l’État et leurs conseillers et CAUE ont permis de leur apporter des points de vue variés à même d’enrichir leurs propositions. Ces interventions les ont aussi sensibilisés aux différentes pratiques qu’un architecte est à même d’exercer dans son parcours professionnel.
et en présence de la presse
S’en est suivi le plus lent processus de projet en atelier à Marseille, ponctué de jurys intermédiaires dans lesquels ont été invités les différents partenaires. En fin de semestre, des restitutions publiques et des expositions ont été organisées au sein même des citadelles ainsi que des tables rondes pour débattre des propositions les plus pertinentes.
Cette publication forme la conclusion ouverte de ce travail collectif qui montre tout à la fois des stratégies possibles de reconversion d’autres citadelles en Corse – mais aussi sur le continent – et de nouvelles manières optimistes de faire une architecture désirable par toutes et tous.
Jérôme Apack, Architecte Conseil de la Drac de Corse
Texte écrit à l’occasion de la publication de l’ouvrage
« Nouvelles vies, nouvelles cités, les citadelles corses en mutation »
édité par la DRAC de Corse, septembre 2023
à la tour de sel de Calvi
Publication : cliquez dessus pour y accéder
Crédit photos
SPL Ametarra, ENSA Marseille & Jérôme Apack