L’exposition
L’exposition « Pas d’architecture sans structure ! » a été conçue et réalisée par les étudiantes et les étudiants du séminaire de Master « L’art comme méthode » qui s’est déroulé durant 2 ans, du semestre d’automne 2023 au semestre de printemps 2025 à l’ENSA-Marseille.
Sous la direction de leurs enseignants, Anne-Valérie Gasc (PROF ATR), Jérôme Apack (PROF TPCAU) et Samuel Nemoz (MCF STA), ils et elles ont travaillé à une forme de restitution possible des archives du studio de projet « Pas d’architecture sans structure ! » (enseignement créé par Raphaëlle Segond et Jérôme Apack qui l’a dirigé entre 2012 et 2022 à l’ENSA-Marseille) : découverte et analyse des archives, synthèse thématique, sélection et organisation des contenus, écriture et réalisation d’entretiens filmés, conception d’un principe scénographique, construction des pavillons, rédaction des textes introductifs…
Cette exposition entend restituer un travail d’initiation à la recherche-création qui traite d’une problématique architecturale via les médiums spécifiques du champ de l’art. Elle a été pensée pour être démontable et transportable pour voyager vers d’autres ENSA, en premier lieu l’ENSA-Montpellier où elle est programmée en janvier 2026.
Que soient ici remercié l’ensemble des étudiantes et étudiants qui ont participé à cet enseignement et à ce projet d’exposition, les intervenantes et intervenants au sein du studio de projet « Pas d’architecture sans structure ! » qui se sont prêtés au jeu des entretiens filmés, le service communication de l’ENSA-Marseille pour la conception graphique de l’exposition.
Une publication « Pas d’architecture sans structure ! » éditée par le laboratoire Project[s] de l’ENSA-Marseille est à paraître en 2026.
Les archives d’un enseignement
« La plupart des architectes répondent à la complexité par la dissociation. (…) Cela donne les scénographies, les collages qui caractérisent l’architecture contemporaine. (…) Et dans ce processus, les tâches de l’architecte et du bureau d’études sont aussi distinctes. (…) Pour moi, tout est lié, chaque choix va avoir des implications sur l’ensemble et rien ne peut être traité séparément. La structure, c’est ce qui apparaît dès l’origine, dès le chantier, et c’est aussi ce qui persiste et qui revient à la fin, dans la ruine. La structure n’est pas un élément, c’est la relation entre les éléments. Comment ceux-ci sont portés, comment ils sont liés les uns aux autres, comment ils se soutiennent réciproquement pour former un ensemble (1).»
Ce constat dans la pratique nous a amené avec Raphaëlle Segond, à proposer en 2012 un enseignement singulier de master intitulé « Pas d’architecture sans structure ! » (2) que j’ai conduit pendant 10 ans par la suite.
Le postulat était que la matière structurelle est la seule matière de construction garante de pérennité et de reconversion des édifices contrairement aux matériaux de second-œuvre ou aux équipements techniques, très consommateurs en énergie, en entretien, spatialement encombrants et peu garantis. Les éléments de structure tels que les planchers, les systèmes porteurs et les contreventements sont aussi capables de répondre aux enjeux d’usages, de confort (notamment thermique et acoustique) et de protection par leurs dispositions dans le projet.
L’objectif de cet enseignement de projet était de donner les moyens aux étudiants de développer une pensée constructive critique en les mettant en situation de chercheurs. Leur outil privilégié était la maquette structurelle exploratoire qui leur a permis de tester avec inventivité et sérendipité des hypothèses de projet, entre autres en matière de stabilité, de confort et de reconversion d’usage.
L’atelier de projet s’est adossé à un corpus théorique constitué d’un séminaire TPER intitulé « L’Art des structures », co-dirigé avec des enseignant.es-chercheur.es des champs STA et ATR rattachés aux laboratoires de l’ENSA-Marseille, et d’une série de cours théoriques ouverts à toute la promotion, portant sur la place et le rôle de la structure dans l’architecture.
Cet enseignement a été partagé avec des enseignants des champs TPCAU, STA et ATR de l’ENSA-Marseille ainsi que de nombreux experts extérieurs embrassant d’autres domaines tels que la sociologie, la philosophie, la littérature, les sciences biologiques et physiques, etc.
Ancré dans le réel, cet enseignement s’est adapté au fil du temps à l’actualité de l’ENSA et de la ville de Marseille telle que le pavillon préfiguratif de l’IMVT ou le confortement post-traumatique du quartier de Noailles.
Dans le contexte actuel, normatif, social et écologique, complexe à maîtriser (sans parler de l’IA dont on ne perçoit pas encore pleinement l’impact dans notre domaine), les architectes ont le sentiment de perdre du terrain dans la conception du projet dont ils ont souvent du mal à défendre les dispositions hollistiques inventives. Espérons que cet enseignement optimiste et singulier aura contribué à leur donner les outils pour y arriver.
Jérôme APACK, Architecte, Professeur TPCAU, juin 2025
[1] Christian Kerez architecte, entretien avec Richard Scoffier : « Engendrer l’espace par la structure », revue d’A n°262, mai 2018.
[2] Le titre de cet enseignement est tiré du livre de Mario Salvadori : Comment ça tient ? Pourquoi ça tombe !, Marseille, Éd. Parenthèses, 2009.
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AT architectes